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Dans un contexte économique marqué par une externalisation croissante des activités et une complexité réglementaire sans précédent, la vérification de la conformité des sous-traitants apparaît comme un enjeu majeur pour les entreprises donneuses d’ordre. Les secteurs du BTP, de l’informatique, des services ou encore de l’événementiel reposent largement sur des réseaux de prestataires indépendants dont la fiabilité administrative, sociale et juridique doit être régulièrement assurée. L’obtention et l’analyse de l’extrait Kbis se placent au cœur de cette démarche, en tant que document probant attestant de l’existence légale et de la situation à jour d’une entité commerciale immatriculée au Registre du commerce et des sociétés (RCS). À travers cet article, nous explorerons en profondeur les fondements légaux, les bonnes pratiques et les outils permettant d’intégrer efficacement le Kbis dans la due diligence fournisseur, afin de réduire drastiquement les risques financiers, juridiques et réputationnels liés à la sous-traitance.
La sous-traitance, jadis cantonnée à certains domaines techniques, s’est progressivement étendue à l’ensemble de la chaîne de valeur des entreprises. Dans le BTP, les artisans indépendants et les petites structures de maintenance représentent aujourd’hui près de 45 % de la main-d’œuvre engagée sur un chantier moyen. Dans le secteur numérique, plus de 60 % des projets informatiques font appel à des freelances ou à des sociétés spécialisées tierces pour la conception, le développement et la maintenance d’applications. Cette dépendance croissante génère des économies d’échelle et une flexibilité accrue, mais expose en parallèle le donneur d’ordre à des risques multiples s’il ne contrôle pas rigoureusement ses partenaires.
Sur le plan financier, l’absence de vérification peut se traduire par des retards de paiement, des factures surévaluées ou des redressements Urssaf en cas de défaut de déclaration des salariés. Juridiquement, l’entreprise donneuse d’ordre s’expose à la responsabilité solidaire pour les cotisations sociales non acquittées par le sous-traitant, conformément à l’article L. 8222-1 du Code du travail. Enfin, sur le plan réputationnel, l’association avec un prestataire en situation irrégulière ou mis en liquidation judiciaire peut fragiliser la confiance des clients, inverser la dynamique commerciale et nuire durablement à la marque employeur.
L’extrait Kbis, délivré par le greffe du tribunal de commerce, constitue la « carte d’identité » officielle de toute société commerciale immatriculée au RCS. En tant que document authentique et régulièrement mis à jour, il a une force probante reconnue devant les tribunaux. Chaque exemplaire porte un cachet original, une date d’émission et, depuis quelques années, une mention de signature électronique et d’horodatage, témoignant de son intégrité.
Cependant, le Kbis ne suffit pas à lui seul pour établir l’ensemble de la fiabilité d’un sous-traitant. Il doit être complété par d’autres pièces justificatives telles que l’attestation Urssaf et la déclaration des preuves de versement des cotisations sociales, l’attestation d’assurance responsabilité civile professionnelle (RC Pro) ou encore le certificat de vigilance délivré par la Direction générale des Finances publiques (DGFIP). Ces documents, consultés conjointement, permettent de dresser un panorama clair et exhaustif de la situation administrative, fiscale et assurantielle de chaque partenaire.
L’ambition de ce guide est triple. D’une part, il détaille le cadre juridique encadrant l’obligation de vigilance et la responsabilité du donneur d’ordre vis-à-vis de ses sous-traitants, en s’appuyant sur les textes et la jurisprudence récente. D’autre part, il décrit de manière opérationnelle les étapes successives du processus de vérification à travers l’extrait Kbis, en illustrant les bonnes pratiques, les points d’attention et les outils digitalisés existants. Enfin, il propose des retours d’expérience concrets et des cas pratiques pour armurer la chaîne d’approvisionnement face aux risques liés à la non-conformité.
L’article L. 8222-1 du Code du travail institue un dispositif de responsabilité solidaire pour les donneurs d’ordre lorsqu’ils confient tout ou partie de leur activité à un prestataire externe. Cette responsabilité s’applique aux cotisations sociales et à leurs majorations en cas de défaut de paiement par l’entreprise sous-traitante. Concrètement, si un artisan ou une PME ne reverse pas l’intégralité des cotisations URSSAF, le donneur d’ordre peut être appelé à régler le reliquat, y compris les pénalités de retard. Il est donc impératif de vérifier la régularité sociale du sous-traitant avant et pendant toute exécution de la mission.
La loi Sapin II, promulguée en 2016, renforce l’obligation de mise en place d’un dispositif de vigilance dans les entreprises françaises de plus de 5 000 salariés et réalisant un chiffre d’affaires supérieur à 1,5 milliard d’euros. Ce cadre impose d’identifier les sous-traitants et intermédiaires, d’évaluer leur niveau de risques (notamment corruption et blanchiment), et de prévoir des mesures d’atténuation. Bien que son périmètre soit initialement restreint aux grands groupes, de nombreuses entreprises plus petites s’en inspirent pour structurer leurs démarches de due diligence et répondre aux attentes des clients internationaux soumis à ces obligations.
Pour les collectivités territoriales et l’État, le Code de la commande publique impose également une série de contrôles auprès des sous-traitants titulaires ou sous-traitants de marchés publics. Ces exigences portent tant sur la solvabilité financière, la situation fiscale et sociale que sur la capacité technique. En l’absence de transmission d’attestations à jour (notamment Kbis et attestations sociales), l’acheteur public peut prononcer une exclusion temporaire ou définitive du cycle de la commande.
Une mauvaise vérification des documents sociaux expose le donneur d’ordre à des redressements Urssaf et à l’obligation de paiement des cotisations patronales et salariales non acquittées. Ces redressements peuvent inclure des majorations pour retard, représentant jusqu’à 10 % du montant des cotisations non versées. Au-delà du préjudice financier immédiat, ces sanctions peuvent dégrader l’image de l’entreprise, particulièrement si un contrôle médiatisé s’ensuit.
En cas de travail dissimulé ou de montage freelance illégal, une juridiction peut requalifier la relation de travail en contrat de travail salarié. Cette requalification entraîne le versement de salaires, de congés payés, d’indemnités et de contributions sociales rétroactives. Dans le contexte des marchés publics, l’acheteur peut infliger des amendes et prononcer l’exclusion de l’entreprise fautive pour une durée pouvant aller jusqu’à cinq ans.
Plusieurs décisions récentes illustrent la sévérité des tribunaux à l’égard des donneurs d’ordre négligents. Par exemple, en 2022, un grand groupe du secteur de la construction a été condamné à reverser plus de 2 millions d’euros de cotisations après insolvabilité d’un sous-traitant. De même, une PME du numérique a dû indemniser des freelances requalifiés, alors même qu’elle s’était fondée sur un Kbis périmé et des attestations sociales non actualisées. Ces cas soulignent l’importance de la rigueur documentaire et de la périodicité des contrôles.
La norme ISO 20400, dédiée aux achats responsables, encourage l’intégration de critères environnementaux, sociaux et éthiques dans la sélection des fournisseurs et sous-traitants. Bien qu’elle ne soit pas formellement certifiable, cette référence fournit une méthodologie pour évaluer les risques liés à la non-conformité et à l’éthique. En exploitant les principes de la norme, les entreprises peuvent structurer une grille de critères alignant performance économique et responsabilité sociétale.
En complément, des certifications comme MASE (Manuel d’Amélioration Sécurité des Entreprises), ISO 9001 pour la qualité ou encore les labels RGE (Reconnu Garant de l’Environnement) pour le BTP offrent des garanties supplémentaires. Ces référentiels attestent du respect de procédures strictes, de formations régulières et d’un management des risques documenté. L’inclusion de telles exigences dans le cahier des charges d’une relation de sous-traitance renforce la résilience du dispositif de contrôle.
Un extrait Kbis comporte plusieurs rubriques incontournables pour toute analyse de conformité : la forme juridique de la société (SARL, SAS, SA, etc.), le numéro d’immatriculation au RCS, la date de création et l’objet social précisant le champ d’activité. Ces informations garantissent que l’entité est habilitée à exercer les prestations attendues. Un écart entre l’objet social déclaré et la mission confiée peut révéler un défaut de couverture ou un risque juridique.
Le Kbis mentionne également l’identité des dirigeants, associés ou mandataires et précise leur capacité à engager la société. En cas de signature d’un avenant ou d’un marché par un mandataire, il est indispensable de vérifier que ce dernier détient effectivement les pouvoirs afférents. Une délégation expirée ou un changement de direction non reporté peut invalider un contrat ou ouvrir la porte à un litige en cas de manquement.
Les mentions marginales renseignent sur l’existence de procédures collectives (redressement, liquidation judiciaire), de radiations ou de dissolutions. Elles peuvent apparaître sous forme de tableaux ou de feuillets additionnels joints à l’extrait. La présence d’une procédure collective en cours constitue un signe d’alerte majeure, susceptible d’entraîner la suspension rapide du partenariat ou la mise en place de garanties renforcées.
Pour lutter contre les falsifications, le cachet et le sceau de la greffe apparaissent sous forme numérisée et sont protégés par des mécanismes de signature électronique. Les plateformes officielles telles qu’Infogreffe ou Guichet-entreprises.fr offrent un accès sécurisé et traçable aux extraits Kbis. Les entreprises peuvent ainsi prouver la date et l’heure de la consultation, élément important en cas de litige.
Un extrait Kbis est réputé valable trois mois à compter de sa date d’émission. Dans le cadre d’un contrat de sous-traitance de longue durée, il est recommandé d’insérer une clause contractuelle imposant la remise d’un Kbis actualisé à chaque échéance, par exemple semestrielle ou annuelle. Cette périodicité garantit une visibilité continue sur la situation socioprofessionnelle du sous-traitant et permet d’anticiper toute évolution significative.
La première étape consiste à constituer un « pack conformité » type regroupant l’extrait Kbis, les attestations Urssaf, le certificat d’assurance RC Pro et, le cas échéant, l’attestation de vigilance fiscale. En parallèle, il convient de définir une grille de critères pondérée selon le montant du contrat, la criticité de la prestation, la localisation géographique et les risques sectoriels. Cette matrice permet d’orienter la sévérité du contrôle en fonction du profil du sous-traitant.
Plusieurs options sont envisageables pour la collecte : l’accès direct aux plateformes officielles (Infogreffe, Télérecours) ou le recours à des prestataires de services spécialisés dans la veille documentaire. Dans tous les cas, il est conseillé de conserver les métadonnées (date et heure de téléchargement, URL, version du document) ainsi que l’historique des versions, afin de reconstituer une piste d’audit fiable. Les solutions de coffre-fort numérique apportent en outre une couche de sécurité pour le stockage et la traçabilité.
Lors de l’analyse, les responsables conformité ou achats doivent traquer les anomalies majeures : Kbis périmé, mention d’une procédure collective, absence de mise à jour suite à un changement de dirigeant, divergences entre l’objet social et la mission. En cas de doute, l’escalade interne vers le service juridique ou la direction des achats s’avère primordiale pour valider les mesures correctives. La décision contractuelle peut alors porter sur la poursuite avec réserves, la suspension temporaire ou la résiliation pour manquement grave.
En l’absence de vérification rigoureuse, la responsabilité civile et pénale du donneur d’ordre peut être engagée. Outre les redressements Urssaf, des poursuites pour travail dissimulé ou fraude à la TVA peuvent aboutir à des peines d’amendes, voire d’emprisonnement pour les dirigeants. La solidarité financière sur les cotisations sociales représente un risque direct sur la trésorerie, tandis que les éventuels litiges générés peuvent générer des frais juridiques significatifs.
Sur le plan opérationnel, la défaillance d’un sous-traitant non conforme peut entraîner la rupture de la chaîne d’approvisionnement, la suspension de chantiers ou de services et la perte de contrats. D’un point de vue réputationnel, la révélation d’une collaboration avec un prestataire en difficulté ou sanctionné peut affecter la confiance des clients, des partenaires bancaires et des actionnaires. Dans les secteurs hautement régulés, l’impact peut aussi se traduire par une perte de licences ou une interdiction temporaire d’exercice.
Une défaillance de conformité peut conduire le donneur d’ordre à exiger des garanties supplémentaires, comme une caution bancaire, une assurance inhabituelle ou un acompte plus important. Les conditions de paiement peuvent être renégociées à la hausse pour se prémunir contre un risque financier accru. Par ailleurs, un audit plus fréquent des documents peut être intégré dans le contrat, renforçant la pression sur le sous-traitant pour maintenir un dossier à jour.
Les solutions SaaS dédiées à la gestion documentaire et à la connaissance fournisseur (KYC/KYB) permettent d’automatiser la récupération, l’authentification et le suivi des documents de conformité. Des alertes programmables informent les équipes achats ou juridiques de l’expiration imminente d’un Kbis ou d’une attestation Urssaf. L’intégration d’API directes avec Infogreffe fluidifie le processus, réduit les tâches manuelles et limite les erreurs humaines, tout en assurant une traçabilité renforcée.
Pour encadrer la remise continue de documents, il est recommandé d’insérer plusieurs clauses dans le contrat de sous-traitance : obligation de fournir un extrait Kbis à jour tous les six mois, transmission d’attestations sociales et fiscales dans un délai de 15 jours suivant leur émission, ainsi que sanctions financières en cas de défaut ou de falsification. Ces dispositions, assorties de pénalités forfaitaires, incitent les prestataires à maintenir un dossier en parfaite conformité.
Le recours à un huissier assermenté pour la certification de certains documents ou à une chambre consulaire (CCI, CMA) pour la vérification de l’authenticité peut apporter une valeur ajoutée indéniable. Ces acteurs certifiés offrent une neutralité et une garantie juridique supplémentaires, ce qui est particulièrement précieux lors de dossiers complexes ou en cas de litige. Cette collaboration renforce la robustesse de la preuve et la confiance mutuelle entre les parties.
Dans un dossier récent, une entreprise de maintenance industrielle a poursuivi un chantier sans demander un Kbis actualisé semestriellement, alors que le sous-traitant avait été radié du RCS six mois auparavant pour défaut de renouvellement des frais de greffe. Résultat : la mission a été interrompue, générant des pénalités de retard et une facture globale doublée par l’intervention d’un autre prestataire en urgence. La leçon tirée a été d’imposer un contrôle stricte tous les trois mois pour les partenaires critiques et d’intégrer une clause de suspension automatique en cas de perte d’immatriculation.
Un acteur majeur de l’agroalimentaire a été alerté, grâce à une veille automatisée, de la mention « Ouverture d’une procédure collective » sur l’extrait Kbis de l’un de ses fournisseurs-clés. Cette mention, relevée en moins de 48 heures, a permis à l’équipe achats d’engager rapidement une évaluation des risques, de limiter la production en cours et d’organiser une chaîne d’approvisionnement alternative. L’intervention rapide a limité à un mois le retard global du projet et a évité une rupture prolongée de la ligne de production.
Selon le directeur achats d’une ETI du secteur technologique, « la mise en place d’un tableau de bord centralisant les dates d’expiration et les statuts de chaque sous-traitant a réduit de 70 % les incidents de conformité ». De son côté, une juriste de cabinet de conseil souligne que « l’investissement initial dans une solution de veille documentaire se rentabilise en quelques mois seulement, grâce aux économies générées par l’évitement des redressements et des litiges ». Ces retours d’expérience confirment l’importance d’une démarche proactive et technologique.
Pour bâtir une politique de conformité robuste, il est essentiel de formaliser un processus clair, de l’onboarding du sous-traitant jusqu’à son suivi régulier. La mise en place d’un tableau de bord fournisseurs centralisant le statut de chaque document (Kbis, attestations sociales et fiscales, RC Pro) facilite la prise de décision et l’anticipation des risques. L’automatisation des alertes via API et la digitalisation du stockage garantissent une mise à jour en temps réel et une traçabilité sans faille.
Par ailleurs, l’organisation d’audits périodiques et la formation continue des équipes achats et juridiques renforcent la culture de la vigilance. Il est conseillé de prévoir des sessions de sensibilisation sur les évolutions légales et réglementaires, ainsi que sur les techniques de détection de fraudes documentaires. Enfin, l’établissement de partenariats avec des huissiers assermentés ou des chambres consulaires renforce la fiabilité des contrôles et alourdit le poids des preuves en cas d’incident.
En synthèse, la vérification de la conformité des sous-traitants à travers l’extrait Kbis est un pilier de la maîtrise des risques pour toute entreprise soumise à des enjeux financiers, juridiques et réputationnels importants. La combinaison de clauses contractuelles rigoureuses, d’outils numériques performants et d’une démarche collaborative avec des tiers de confiance constitue le socle d’une chaîne d’approvisionnement résiliente et éthique. À l’avenir, intégrer ces bonnes pratiques dès la phase de sélection et les adapter à l’évolution du contexte réglementaire permettra de sécuriser durablement les relations commerciales.